Rapport du colloque international sur la question des femmes maghrébines face aux transformations politiques, économiques et sociales

La Faculté des  sciences juridiques, économiques, et sociales à Mohammedia a organisé en partenariat avec le Centre Takamul des études et des recherches, et la fondation Hans Seidel, un colloque intitulé : «  femmes maghrébines au milieu des mutations politiques, économiques et sociales, la réalité et l’espoir ». L’événement a eu lieu le 18-19 juin 2019.

Un bon nombre de chercheurs appartenant aux diverses disciplines scientifiques ont participé au séminaire et ont contribué aux interventions scientifiques visant à éclairer la situation des femmes dans les pays du Maghreb sous différents angles : Juridique économique, Socioculturel, et associatif.

Pour le raccourci qu’impose ce rapport de synthèse, on peut limiter les contenus des interventions aux niveaux suivants :

1- Au niveau de la législation et des lois 

En faisant une lecture dans le code de la famille de 2004, les interventions ont mis en évidence un grand nombre de changements dans le statut juridique des femmes marocaines. Des modifications ont été apportées dans le sens de la reconnaissance du principe d’égalité entre les époux, et du partage des responsabilités familiales. Bien qu’il soit difficile d’affirmer que cet objectif est atteint.

 L’évolution de la législation est certaine, mais elle n’est pas encore terminée. De plus, le niveau de concrétisation des textes et des lois reste limité à cause des traditions et des coutumes conservatrices socialement dominantes.

En Tunisie, le processus de réforme est apparu au milieu du siècle dernier; ce qui accordait aux femmes tunisiennes un statut supérieur à celui de leurs homologues dans les autres pays arabes, au point qu’elles atteignent aujourd’hui l’égalité en matière d’héritage.

En Algérie, les textes législatifs ont bien évolué, mais la réalité reste peu décalée et nécessite une révolution intellectuelle qui doit s’appuyer sur les différentes instances de socialisation.

2-Sur le plan économique 

Les interventions ont souligné des différences importantes qui marquent les statuts et les niveaux économiques des femmes Maghrébines. Par exemple, la femme mauritanienne entrepreneur représente 27% des entrepreneurs, même si ce chiffre n’inclut pas celles qui travaillent dans l’agriculture et dans les secteurs informels.

En Algérie, les obstacles culturels contraignent les femmes à rester chez elles pour prendre soin de la famille. Il existe généralement un problème de difficulté de financement des projets des femmes entrepreneurs. Généralement, les femmes aspirent à une intégration économique visant à promouvoir leurs conditions sociales.

3-Sur le plan socioculturel

Toutes les interventions ont souligné l’impact important de la question culturelle sur la situation des femmes dans tous les pays du Maghreb. En effet, malgré les progrès réalisés dans les textes juridiques, la réalité est encore limitée en raison de la vision sociale réductive de son rôle, et le conditionnement social auquel elle est soumise, soutenu par les clichés et les proverbes populaires à l’égard des femmes.

Dans certaines régions du Maroc, sa présence dans l’espace publique est encore refusée à cause de  la domination et la prévalence de la pensée masculine qui tend à garder la femme à la maison sous contrôle strict de parents masculins.

Afin de produire un changement de culture dominante, des interventions ont suggéré de bien travailler sur  le coté de socialisation  à la maison, à l’école et dans les médias, pour pouvoir mener un changement dans la pensée dominante.

4-Au niveau de sa contribution à la société civile

Les interventions ont mis l’accent sur l’existence d’un puissant mouvement des femmes au Maroc, un bon nombre d’associations de défense de droits des femmes a contribué à l’amélioration de leurs situations, mais les intervenants ont estimé que les résultats restaient limités par le travail qui manque de coordination.

En plus, la présence croissante des femmes dans les mouvements de contestation sociale, dans le Rif et en Algérie, constitue une valeur ajoutée au changement démocratique, ce qui renforcerait les dynamiques qui conduisent à la révision des régimes, et influencent ainsi la culture politique dominante.

Les interventions des participants dans ce séminaire ont conduit après chaque session à des discussions plus approfondies auxquelles un bon nombre de jeunes chercheurs ont contribué abondamment.