Le Waqf et la zakat, du rôle caritatif, au financement du développement durable

Introduction

Les crises mondiales récurrentes qui ne cessent de secouer le modèle économique libéral témoignent des limites de ce dernier à résoudre les problèmes liés à certains fléaux sociaux comme la pauvreté, les inégalités sociales, la mauvaise répartition des richesses, les disparités flagrantes des salaires, et le taux de sous emploi critique dû au chômage structurel. Pas loin de nous, les contestations populaires ayant secoué plusieurs pays arabes (connus après par les pays du printemps arabe) témoignent de l’échec des modèles de développement de ces pays à améliorer le niveau de vie des citoyens et à réaliser un développement durable.

Le modèle de l’économie sociale et solidaire est caractérisé par la diversification des pratiques visant la satisfaction des groupements sociaux dans le cadre de servir l’intérêt général. Ce modèle innovant est fondé sur des principes qui lui sont propres, notamment une approche participative ouvrant la voie à tous les acteurs du développement pour l’amorce d’une gestion démocratique basée sur la libre adhésion, sur une rémunération très limitée et une répartition restreinte des profits réalisés (dans le cas des coopératives), et strictement interdits (dans le cas des associations). L’originalité de ce modèle réside dans sa capacité d’associer deux types de travaux ; un travail rémunéré et un autre travail non rémunéré (le bénévolat). Il cherche donc, à travers la création d’activités économiques, l’intégration de plusieurs participants en tant que partenaire de leurs propres projets, afin de penser collectivement à résoudre les problèmes sociaux et économiques en mobilisant le maximum de ressources aussi bien locales qu’externes.

L’économie charitable (zakat, Waqf, sadaqât…) gère les ressources philanthropiques pour les orienter vers les personnes en difficulté en vue de leur assurer de meilleurs moyens de financement de projet d’investissement et d’apprentissage (formation professionnelle). Cette pratique vise donc à améliorer les conditions de vie des classes défavorisées, mais aussi à les aider à acquérir un statut d’indépendant. Ainsi les deux secteurs ; économie sociale et solidaire et économie charitable aident à contrebalancer la pauvreté et favorisent la promotion de l’emploi productif. La question est, comment les ressources charitables, Waqf et zakat, passent du rôle caritatif vers un stimulateur du développement de l’économie sociale et solidaire (l’ESS)

            D’un autre côté, la finance islamique pour ainsi dire n’est évoquée dans ce cas que pour sa contribution louable comme support et levier d’appui pour le financement des projets de développement. Il s’agit d’un passage valorisant les différentes ressources financières, en partie, charitables pour les utiliser non pas dans des actions caritatives, mais plutôt dans le financement des projets d’investissement à productivité plus élevée.