le jeu électoral et les enjeux du champ politique au Maroc.

« Le jeu électoral et les enjeux du champ politique au Maroc », tel est l’intitulé du nouveau livre du docteur LAZAAR Monaim, professeur des sciences politiques et du droit constitutionnel à la faculté de droit-Souissi relevant de l’Université Mohammed V de Rabat. Ahmed BOUZ, professeur à la même faculté et coordinateur du master : « les institutions et l’action politique » a présenté ledit livre, dont la première édition est parue en mai 2021 aux éditions Chams Print, Salé, en 276 pages.
Par le biais de quatre chapitres essentiels (le premier aborde: la standardisation du jeu politique ; le deuxième traite: les rituels du passage aux espaces du jeu électoral ; le troisième évoque : la campagne électorale et le quatrième approche: les stratégies du jeu électoral) le chercheur, intéressé par la sociologie électorale, tente de lancer une flèche brûlante aidant à briser quelques obstacles qui bloquent encore l’arrivée aux profondes racines déterminant et expliquant les différents détails du phénomène électoral au Maroc. Il part des hypothèses, prolégomènes de la théorie des champs, des théories du choix rationnel et autres principes théoriques afin de répondre à la question magistrale de l’étude, qui est : comment le jeu électoral au Maroc arrivait-il de s’imposer en tant que jeu politique effectif sous les enjeux d’un champ politique qui le dépouille de toutes ses véritables composantes ?
À partir de l’approche théorique et méthodologique employée dans l’analyse, de la problématique principale encadrant ce travail de recherche et de l’hypothèse orientant les étapes du chercheur, dans son essai de déverrouiller quelques verrous à la fois de la caisse centrale et des caisses locales du champ politique, il s’arrête sur plusieurs faits, arguments, indices et éléments d’analyse qui confirment la liaison du jeu politique dans son contexte marocain avec le jeu global du champ politique. Ce qui fait de lui une partie d’un tout contrôlant le jeu global d’un tel contexte. Autrement dit, au Maroc, les expressions du jeu politique, comme souligne le chercheur, ne sont point indépendantes aux niveaux des déterminants de standardisation, de l’identité et du poids des acteurs faisant marcher le jeu, des mécanismes de commercialisation électorale, ses armes, ses capitaux formels et non formels et des stratégies du jeu électoral du champ politique, les rapports de force qui le traversent, les règles implicites qui l’orientent, et les enjeux politiques qui dessinent sa réalité et son dynamisme.
De surcroît, comme indiqué par le chercheur dans son livre, une telle liaison est structurelle, fonctionnelle et énergique a permis au jeu électoral d’être dynamique dans une géographie encadrée par des ondes énergiques tridimensionnelle. Une dimension est liée à ce qui est critère, une à ce qui implicite et une à ce qui officiel. Ladite géographie s’exprime par le biais d’expressions et de manifestations lui permettant de se transformer en un jeu qui semble réel même s’il semblait irréel. Quoique ce jeu implique des conflits, ces derniers se réalisent selon les authentiques, et il n’est en aucun cas possible de se détacher des règles déterminant les authentiques.
En effet, vu l’angle analytique employé par le chercheur LAZAAR, le jeu électoral est une sorte de version politique de la course à chevaux ; chaque participation dans cette course politique, qu’elle soit complète, ou partielle, ou encore réduite, qu’elle soit faite selon les stratégies coopératives « les coalitions électorales » ou non coopératives « absence de coalitions électorales », reste une participation encadrée par des enjeux effectifs et d’autres implicites, font du jeu électoral, d’une part, un jeu quasi concurrentiel où le changement effectué ne touche pas la structure, la centralité, la nature et la stabilité du système politique en vigueur autant qu’il renforce sa stabilité. D’autre part, il fait du passage vers les espaces du jeu électoral un prolongement latent au passage vers les espaces du champ politique, malgré les images, les pratiques et les interactions engendrées, en plus des fonctions et rôles qu’il fonde. Ce sont des expressions qui demeurent intégrantes énergiquement à l’intérieur des dispositifs des enjeux du champ politique.
Par ailleurs, dans son périple de déverrouiller un grand nombre de caisses du phénomène électoral, le chercheur s’arrêta longuement, au cours de son analyse, sur les mécanisme du marché politique ainsi que sa commercialisation, notamment durant la campagne électorale qu’il considère un événement central dans le jeu électoral, une expression de son caractère effectif et interactif et un moment politique propice révélant les enjeux et les stratégies des partis politiques et d’autres actants dans ce jeu. C’est là où l’auteur souligne que l’acte électoral, à la lumière de ces mécanismes, devrait être interprété selon deux points de vue : le premier montre les fluctuations de la campagne intégrée dans le cadre des enjeux du marché politique et électoral, tandis que le deuxième indique les échanges inconscients des rôles politiques et électoraux. Où les fluctuations du marché acquièrent leur signification en liaison avec des stratégies ayant comme objectif d’influencer les rapports de force, alors que les échanges inconscients acquièrent leur véracité en liaison avec des stratégies ayant comme objectif de garder les rapports de force. Ainsi, la première influence se fait par la connaissance des acteurs et s’exprime dans les changements que connait la carte électorale aux niveaux du nombre des voix, du nombre de places et de l’identité des gagnants. La deuxième influence se fait par méconnaissance des acteurs et s’exprime dans la stabilité de la loi implicite et des contrats qui fondent le champ politique.
Dans le dernier chapitre de cette étude, le chercheur évoque un échantillon de stratégies politiques et électorales adoptées par les acteurs politiques que ce soit au moment de la campagne électorale, préélectoral ou postélectoral. Ce sont des stratégies qui changent avec le changement des enjeux, des coalitions et des contextes. Qu’il s’agit de « la stratégie du baobab » ou de « la stratégie électorale du rejet et de la mise à l’écart », ou de « la stratégie du perroquet », ou encore de « la stratégie du changement de position et de direction ». Le chercheur met en évidence que ces stratégies et mécanismes utilisés acclimatés au niveau de la géographie du jeu révèlent que ces stratégies sont chargées politiquement et renferment une énergie pleine d’enjeux effectifs liés aux comptes électoraux des acteurs ou des enjeux implicites liés aux dispositions du champ politique.
Au l’issu de la recherche, l’auteur confirme la première hypothèse proposée comme postulat à la problématique de cette recherche. C’est une confirmation en lien avec l’approche théorique et méthodologique adoptée. Elle est liée également aux arguments et indices convoqués pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. Il s’agit d’une approche qui ne peut en aucun cas nous présenter une explication catégorique et de véritables résultats non susceptible au dépassement. Pourquoi ? car la logique du fonctionnement du champ politique envahies par des ondes énergiques implicites a une étrange capacité à se dérober en dissimulant ses enjeux et sa logique de fonctionnement. Là, l’on pose une panoplie de questions, mais l’on n’obtient que peu de réponses. Par conséquent, l’approche théorique et méthodologique adoptée dans l’analyse, ajoute le chercheur, a incarné le rôle d’un aimant afin de susciter les lectures, les arguments, les indices, les conclusions et les déductions susceptibles d’être fortement attirées par le champ magnétique extérieur. Certainement, il y aurait d’autres éléments que cette approche n’a pas pu suscités et faire mouvoir. Ainsi, ils appartiennent toujours à l’invisible et nécessitent indubitablement d’entamer plus d’une tentative et d’expérimenter plus d’une approche pour pouvoir déverrouiller le plus grand nombre des caisses fermées qui constituent la structure du champ politique marocain.